Les changements récemment apportés par le gouvernement fédéral à l’admissibilité au permis de travail postdiplôme (PTDP) auront des conséquences profondes et étendues pour les Ontariennes et Ontariens. Nous sommes profondément déçus que ces décisions aient été prises sans tenir compte de leur incidence sur les citoyennes et citoyens de l’Ontario, et sans consulter la province.
Tous les Ontariens et toutes les Ontariennes comptent sur les diplômés collégiaux.
Ces changements affecteront de manière significative la capacité des Ontariennes et Ontariens à accéder à des services vitaux, notamment les services de garde d’enfants abordables, les soins dentaires, les soutiens en matière de santé mentale et les soins de santé dans leurs communautés; les régions où les collèges ne sont déjà pas en mesure de répondre à la demande de talents; les économies et les employeurs locaux, en particulier dans les secteurs de croissance clés tels que la construction, la fabrication de pointe et l’énergie, seront confrontés à des perturbations, car ces industries dépendent fortement d’un flux régulier de travailleurs formés dans les collèges pour répondre à la demande. Là encore, il s’agit de secteurs où les collèges ne sont déjà pas en mesure de répondre à la demande de talents. Ces changements de politique fédérale ne font rien pour accélérer la construction de logements ou la croissance de la filière des métiers spécialisés.
À notre avis, nous devrions toutes et tous travailler ensemble afin d’améliorer le vivier de talents pour les secteurs à forte demande, plutôt que de couper arbitrairement les talents comme le fait l’approche fédérale actuelle.
Nous comprenons que l’objectif du gouvernement fédéral est d’aligner les permis de travail sur les besoins du marché du travail. À ce titre, l’approche du fédéral doit donner la priorité aux programmes qui sont essentiels pour soutenir la vie quotidienne des Ontariennes et de Ontariens. En excluant les programmes collégiaux qui forment les travailleurs à des rôles vitaux, ces changements aggraveront les pénuries de main-d’œuvre, ce qui aura une incidence sur les communautés de toute la province. Nous n’avons pas reçu d’explication quant à la raison pour laquelle seuls les étudiantes et étudiants des collèges ont été ciblés par de tels changements. Nous pensons que les étudiants dévoués qui sortent des programmes collégiaux sont tout aussi essentiels à la qualité de vie et à la croissance économique de la province que les diplômés universitaires.
Le gouvernement fédéral n’a pas collaboré avec la province afin de dresser une liste des programmes d’études postsecondaires qui reflète fidèlement les besoins de la main-d’œuvre ontarienne. Cela signifie qu’il existe plusieurs omissions flagrantes.
Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de retarder la mise en œuvre précipitée de ces changements afin de garantir une prise en compte adéquate des besoins des Ontariennes et Ontariens ordinaires et des employeurs dans l’ensemble de la province. Nous continuons d’insister sur la nécessité d’un dialogue constructif avec la province afin que les Ontariennes et Ontariens ne soient pas désavantagés par ces changements de politique. Il est essentiel que les décisions futures soient prises en tenant compte des commentaires de la province afin de refléter les besoins des personnes qui dépendent de la main-d’œuvre forte et réceptive issue des collèges.
Exemples d’incidence :
- Les étudiantes et étudiants d’assistance dentaire et d’hygiène dentaire ne pourront plus travailler au Canada. L’accès aux soins dentaires dépend particulièrement de ces diplômés. Les hygiénistes dentaires sont tout aussi essentiels à la prestation des soins dentaires que les dentistes.
- L’éducation de la petite enfance (EPE) est un secteur particulièrement touché par ces changements. L’Ontario a pour objectif de créer plus de 70 000 nouvelles places en garderie d’ici à la fin de 2026, et les étudiants étrangers ont joué un rôle essentiel afin d’aider à répondre à cette demande, plus de 4 500 étudiants étrangers en EPE étant actuellement inscrits aux collèges de l’Ontario. Les récents changements apportés par le gouvernement fédéral vont gravement perturber cette filière, ce qui signifie que de nouvelles places ne seront pas créées de sitôt pour les parents.
- De nombreux programmes essentiels de techniques et de technologie en génie ne sont pas admissibles en vertu de ces changements, notamment les programmes de chimie, de génie civil, d’électricité, de mécanique et d’aérospatiale. Nous estimons que plus de 5 000 étudiants étrangers sont actuellement inscrits à ces programmes, lesquels sont essentiels à la croissance de la fabrication de pointe et de nombreux autres secteurs de l’économie ontarienne, y compris l’énergie verte. Cette omission, si elle n’est pas corrigée, signifie en fait que ce vivier de talents va s’évaporer.
- Les infirmières et infirmiers diplômés des collèges ne peuvent pas rester au Canada, alors que les étudiantes et étudiants en soins infirmiers diplômés de l’université peuvent le faire; or, en Ontario, ces programmes sont exactement les mêmes. Nous sommes d’avis que nous avons besoin de tout un chacun afin de remédier aux graves pénuries de talents dans le secteur de la santé.
- Dans de nombreuses régions de la province, les voyages, le tourisme et l’hôtellerie constituent des secteurs clés de l’économie. En raison des changements apportés par IRCC, les petites communautés sont menacées, car les étudiants étrangers représentent une partie essentielle de la main-d’œuvre, avec plus de 16 000 étudiants étrangers actuellement inscrits à des programmes de tourisme, d’hôtellerie et de cuisine.