Lettre ouverte au premier ministre Trudeau

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Monsieur le Premier Ministre Trudeau,

Au nom des 24 collèges publics de l’Ontario, je vous écris de toute urgence afin d’attirer votre attention sur les omissions flagrantes dans la liste des programmes d’études admissibles au permis de travail postdiplôme (PTPD) publiée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) le 4 octobre 2024. Conjointement avec ses collègues de tout le pays, Collèges Ontario continue d’exhorter le gouvernement fédéral à s’assurer de bien comprendre les répercussions de ces changements de politique sur les services de garde d’enfants abordables, les soins dentaires, les soins de santé, la construction de logements et les investissements des entreprises dans la fabrication de pointe, y compris les VE.

Nous comprenons que l’objectif du gouvernement fédéral est d’aligner le nombre d’étudiants étrangers sur les besoins du marché du travail. Cependant, la liste publiée par IRCC omet de nombreux domaines d’études essentiels qui soutiennent l’économie et la main-d’œuvre de l’Ontario. Certains des programmes exclus sont des parcours essentiels pour produire des diplômés qualifiés qui aident les Ontariennes et les Ontariens à accéder à des services vitaux – tels que les services de garde d’enfants abordables, les soins dentaires, les services de santé mentale et les soins de santé – dans leurs communautés. Dans de nombreuses régions, les collèges ne sont déjà pas en mesure de répondre à la demande pour ces talents.

Nous sommes particulièrement préoccupés par quatre domaines clés des besoins du marché du travail :

  1. Les éducatrices et éducateurs de la petite enfance : L’une des omissions les plus surprenantes de ces nouvelles règles fédérales est l’exclusion des éducateurs de la petite enfance, ce qui entraînera une baisse presque immédiate du nombre de travailleuses et travailleurs de la petite enfance disponibles. L’Ontario prévoit une pénurie de 8 500 éducatrices et éducateurs de la petite enfance d’ici à 2026; les collèges publics comptent actuellement 5 300 étudiantes et étudiants étrangers en éducation de la petite enfance, soit environ 50 % du nombre total d’inscriptions. Avec ce changement de politique fédérale, il sera plus difficile pour les Ontariennes et les Ontariens de trouver des services de garde d’enfants abordables, et ces effets se feront sentir immédiatement.
  2. STIM : les nouvelles règles fédérales excluent les programmes de techniques et de technologie du génie, lesquels sont essentiels à la croissance de la fabrication avancée, de l’électrification et de la mise à l’échelle des VE. Ceci comprend des programmes clés tels que le génie énergétique,les techniques de la force motrice (pour le secteur automobile), la gestion de projets de construction et toute une série de programmes de techniques et de technologie du génie. Plus de 8 000 étudiantes et étudiants étrangers sont actuellement inscrits à des programmes collégiaux dans ces domaines à forte demande du marché du travail.
  3. Soins de santé : Les grades collégiaux en administration des soins de santé, en hygiène dentaire et en soins infirmiers font partie des programmes exclus. Nombre de ces programmes se trouvent dans le nord et les zones rurales de l’Ontario – rendant ainsi plus difficile pour les Ontariennes et les Ontariens de ces communautés de trouver des soins de santé à proximité de leur domicile.
  4. Tourisme et hôtellerie : Ce secteur clé de l’Ontario soutient de nombreuses communautés à la grandeur de la province. Plus de 12 000 étudiantes et étudiants étrangers sont actuellement inscrits à des programmes qui soutiennent cet important secteur.

L’industrie locale et les employeurs régionaux comptent sur les collèges publics afin de préparer et de former les travailleuses et les travailleurs à des emplois vitaux en construction, en fabrication de pointe et en énergies renouvelables. Nous ne serons pas en mesure de remplir ce mandat si des programmes essentiels de génie, notamment dans les domaines de l’automobile, de la chimie, du génie civil, de l’électricité, de la mécanique et de l’aérospatiale, continuent d’être exclues par les modifications apportées par le gouvernement fédéral à l’éligibilité à l’aide d’État PGWP.

L’approche du gouvernement fédéral semble supposer que seules les personnes détenant un titre universitaire peuvent apporter une contribution au Canada.

La liste des programmes admissibles reconnaît le rôle des infirmières et infirmiers diplômés des universités en soins de santé, mais non celui des infirmières diplômées et infirmiers diplômés des collèges – et ce, même si le programme est exactement identique; celui des dentistes formés à l’université, mais non des hygiénistes dentaires; celui des ingénieurs, mais non des techniciens en génie. Ces changements feront reculer les objectifs fédéraux visant à développer les garderies et les soins dentaires, à accélérer la construction de logements et à évoluer vers une économie nette zéro. Les répercussions se feront également ressentir de manière plus aiguë dans les zones rurales et le nord de l’Ontario, y compris les communautés francophones, les communautés autochtones, ainsi que d’autres régions aux ressources insuffisantes.

Les collèges publics de l’Ontario sont fiers de leur contribution aux communautés locales et au développement économique des régions. Nombre de nos programmes – conçus en partenariat avec les employeurs – sont à pleine capacité, les étudiantes et étudiants canadiens bénéficiant d’une inscription préférentielle par rapport à leurs homologues étrangers. Attirés par des droits de scolarité abordables, des taux d’emploi élevés après l’obtention du diplôme et la promesse d’une meilleure rémunération, un grand nombre de nos étudiantes et étudiants choisissent de s’inscrire aux collèges de l’Ontario afin de subvenir aux besoins de leur famille et d’aller de l’avant.

Nous sommes d’avis que les diplômés collégiaux contribuent à la prospérité de l’Ontario de manière tout aussi significative que leurs pairs ayant fait des études universitaires.

Nous demandons à nouveau que la liste d’exclusion des programmes soit réexaminée et qu’un dialogue constructif s’instaure avec la province, afin de garantir que les Ontariennes et les Ontariens ne soient pas affectés par des conséquences non intentionnelles.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Marketa Evans

Présidente-directrice générale, Colleges Ontario